L’ado est en pleine croissance et il a besoin de beaucoup de sommeil. Les troubles du sommeil dont il souffre en général sont la difficulté d’endormissement ou/et le maintien de son rythme circadien (jour/nuit). Effectivement, l’ado aime particulièrement privilégier la vie et les activités nocturnes.
L’usage des écrans (LED) est souvent à l’origine de difficultés d’endormissement dues à la lumière bleue et aux stimulations sensorielles. La lumière bleue fait croire à l’organisme qu’il fait encore plein jour et décale alors l’endormissement de 1h30 à 2h voire plus pour les plus sensibles. Cette lumière bleue inhibe particulièrement la sécrétion de mélatonine qui favorise le sommeil et renseigne l’organisme sur l’alternance jour/nuit. La mélatonine a pour fonction également de mettre l’organisme en phase avec son environnement et ses rythmes.
En ce qui concerne le maintien du rythme circadien (jour/nuit), il est question du « décalage » lorsque l’ado désynchronise son rythme veille/sommeil par rapport au rythme jour/nuit. C’est le cas lorsque la pression sociale (notifications !) l’emporte sur la pression physiologique et que l’ado doit encore être connecté avec ses amis avant de se coucher. Or notre horloge biologique a besoin de cette alternance jour/nuit. C’est elle qui contrôle directement ou indirectement la plupart des grandes fonctions physiologiques comme par exemple l’immunité ou la pression sanguine (sur un rythme de 24h). Pour être et rester en bon santé, nos rythmes du corps doivent être en harmonie.
Selon une étude de 2010, près de 30% des 15-19 ans sont en dette de sommeil et environ 25% des jeunes de 15 ans dorment moins de 7 heures alors que le besoin serait de 9 heures en moyenne.
Conséquence : qui dit moins de sommeil dit moins de cycles de sommeil paradoxal et donc une moins bonne maturation cérébrale et consolidation de la mémoire. A noter qu’un rattrapage le week-end avec des grasses matinées ne comble pas le déficit de sommeil car ce sommeil là est désynchronisé et de moins bonne qualité.
Autre conséquence : le risque de somnolence durant la journée avec une baisse de performance (scolaire bien sûr). Un manque de sommeil a pour conséquence une moins bonne concentration, mémorisation et compréhension sans parler de la motivation et de l’efficacité générale en berne. Un manque de sommeil, c’est aussi être plus irritable, moins bien gérer les émotions et ressentir plus facilement le stress. Pour finir, le manque de sommeil diminue la capacité de jugement et de contrôle de soi avec le risque d’être plus influençable.
Avec le temps, le manque de sommeil peut entraîner une certaine fragilité émotionnelle et conduire à des troubles de l’humeur comme l’anxiété ou la dépression. Le risque est alors de rentrer dans un cercle vicieux avec excitants la journée (café, soda…) et calmants la nuit (drogues, somnifères.). Sans compter qu’avec ces substances dans l’organisme, le sommeil est encore de moins bonne qualité !
On note une corrélation entre un manque de sommeil < 9h (ou trop de sommeil > 10h) et les problèmes de santé (désespoir, pensées négatives…) ainsi que la consommation de cigarettes et d’alcool (ou autres drogues). Toutefois, le besoin de sommeil est propre à chacun et une durée de 9 heures idéale de sommeil reste une moyenne.
L’adolescence est une période de fort développement physique. La qualité de l’alimentation est donc importante durant cette période. Une alimentation carencée peut entrainer un ralentissement du rythme de croissance ainsi qu’un retard de la maturation sexuelle.
Ce qui entraine souvent une mauvaise alimentation chez l’ado, c’est la disparition du traditionnel repas familial ou le jeune se retrouve tout seul dans sa chambre et mange ce qu’il trouve. A l’extérieur, l’ado sort manger avant tout pour être avec ses amis et avec une alimentation qui doit sortir de l’ordinaire.
On observe chez les filles de meilleures habitudes alimentaires sans doute parce qu’elles font plus attention à leur apparence. De plus, dans un groupe d’amies, les filles ont tendance à partager les mêmes attitudes alimentaires.
L’adolescent peut être confronté à des troubles alimentaires comme l’anorexie mentale ou la boulimie.
L’anorexie mentale est une privation de nourriture stricte et volontaire pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Cela implique une perte de contact avec la réalité de son corps et de ses besoins fondamentaux. A noter que 94% de ceux qui en souffrent sont des femmes et 60% ont moins de 25 ans. L’amaigrissement bien que spectaculaire n’est jamais suffisant et le corps devient un support pour exprimer la souffrance. Les sensations de faim, de fatigue ou de froid contribuent au maintien du sentiment d’exister.
La boulimie comme l’anorexie partage une préoccupation excessive pour la nourriture. La boulimie se caractérise par l’ingurgitation excessive de nourriture (hyperphagie) de manière épisodique et récurrente et cela sur au moins 3 mois à raison de 2 épisodes au moins par semaine. La boulimie au contraire de l’anorexie est une perte de contrôle. Elle s’associe à de la culpabilité et à une mauvaise estime de soi. Contrairement à ce que l’on pense, un boulimique (qui se fait vomir) peut être aussi maigre qu’un anorexique. Et souvent les deux troubles se croisent et interagissent. La boulimie concerne environ 1,5% des filles et 0,2% des garçons entre 12 et 20 ans.
Les troubles alimentaires ont en général plusieurs facteurs déclenchants qui peuvent être d’ordre génétique, psychologique, environnemental, familial ou socioculturel. Voici quelques raisons qui peuvent être à l’origine d’un trouble alimentaire :
-le regret de son corps d’enfant ou le refus d’un corps sexué avec les transformations inquiétantes liées à la puberté. La privation permettrait de maintenir l’illusion d’un corps infantile.
-la volonté de s’affirmer contre la puissance maternelle dans un milieu rigide et dominant où le père est souvent absent ou effacé L’anorexie pourrait être un moyen de prouver qu’on est adulte par le contrôle sur son corps et la maîtrise du changement. Cela pourrait aussi être une manière de se différencier de la mère.
-l’effet antidépresseur que peut apporter le fait de manger en comblant un vide, pour se sentir en sécurité un bref instant en calmant ses angoisses. Il est alors question de la peur d’être avec soi-même. Dans ce cas, nous parlons de nourriture mais cela pourrait être le tabac, l’alcool…
-détourner les problèmes familiaux en attirant l’attention sur soi par sa maladie. Et si elle guérissait, les problèmes dans la famille pourraient alors revenir.
-l’impression de se trouver gros (grosse) si l’on se compare aux images idéales que véhiculent la presse, les réseaux sociaux…
-le fait de privilégier la performance plutôt que l’affectif et résultant de l’éducation familiale (culte de la performance par exemple).
-le fait de vivre des événements stressants ou que l’on ressent comme cela.
La Haute Autorité de Santé (HAS) estimait en 2014 que 8% des adolescents entre 12 et 18 ans souffraient d’une dépression. La difficulté est qu’à cet âge, la dépression passe souvent inaperçue. L’ado manifeste la souffrance différemment des adultes et il exprime parfois difficilement ses ressentis. De plus, l’ado connaît des sentiments de déprime qui sont courants et normaux à cet âge. Pas facile donc de détecter la vraie souffrance dépressive chez un ado. C’est d’ailleurs souvent plus par la somatisation et le comportement que la dépression s’exprime chez l’ado. Mais là également, l’irritabilité et l’agressivité ou les périodes de sommeil à rallonge sont courantes et passagères à cet âge. La déprime est un état normal et transitoire chez l’ado qui ne doit pas durer (morosité, instabilité émotionnelle). La dépression s’inscrit dans la durée et entraîne une souffrance observable avec un retentissement sur le quotidien (troubles de l’humeur, troubles de la pensée, troubles physiques, idées noires voire suicidaires).
L’usage des écrans (internet, réseaux sociaux, jeux...) a des effets positifs sur le développement de l’ado et sa construction identitaire. L’usage des écrans lui permet d’explorer le monde, de s’exposer et de s’évaluer.
L’ado se pose beaucoup de questions et il doit faire des choix pour son futur. L’usage des écrans permet d’explorer le monde et d’apprendre à mieux se connaître. Internet est une source essentielle d’information lorsqu’il s’agit de s’informer, de découvrir ou de peser le pour et le contre avant de prendre une décision. Il peut notamment y trouver des raisons de s’engager ou non sur une voie, voie qui participera à la formation de son identité plus tard (orientation professionnelle par exemple).
L’ado utilise les écrans pour s’exposer. Et pour cela il doit réfléchir et choisir comment il souhaite se représenter. Il acquiert une meilleure connaissance de soi par la comparaison régulière de l’image qu’il a de soi, celle qu’il souhaite montrer et ce qu’il reflète réellement à autrui. De plus, cela le confronte à la représentation des autres et donc à se questionner sur les autres. Pour s’exposer, l’usage de l’écran présente aussi l’avantage de pouvoir le faire à distance, de s’aventurer sans prendre des risques et cela le rassure surtout que son image corporelle a une grande importance. Il peut rester anonyme, changer son image (même de sexe), s’imaginer en héro pour se chercher et s’aimer ! C’est important. D’autant plus que son estime de soi peut bien des fois présenter des faiblesses durant l’adolescence.
L’usage des écrans permet de s’évaluer, savoir comment on est apprécié, si l’on est reconnu, si l’on a des amis… Bref, cela permet de se comparer. Recevoir des « j’aime » peut être une vraie récompense et véritable source de plaisir pour un ado. L’usage de l’écran lui permet de partager, de se sentir apprécié, d’avoir le sentiment d’appartenir à un groupe et d’être intégré. Même si cela est un peu illusoire, l’ado se sent aimé et estimé.
L’usage des écrans donne à l’ado un peu l’impression de contrôler sa vie car souvent la vie est perçue comme contraignante avec peu de liberté. Enfermé dans sa bulle, l’ado a un sentiment de puissance, d’autonomie et de liberté. Sur l’écran, c’est lui qui choisit, qui contrôle, qui décide, qui réussit et cela comme un adulte. Face à cette satisfaction apportée par l’écran, difficile pour les parents de faire le poids !
Pour les jeux vidéo, le risque est de devenir dépendant de son avatar et de son monde imaginaire que l’ado ne peut plus quitter. La vie virtuelle remplace la vie réelle ennuyeuse ou stressante. Un autre risque est celui de la banalisation de la violence et la désensibilisation à la violence dans la vie réelle. Plus l’ado passe du temps devant des jeux violents, plus il risque de devenir agressif et de légitimer la violence. Enfin, les jeux vidéo captent l’attention avec notamment des stimuli très variés et procurent vraiment du plaisir émotionnel (au niveau du cerveau) chez l’ado. Il risque de devenir tout simplement accro. La vie réelle paraissant très fade à côté.
Pour les réseaux sociaux, le risque est qu’ils puissent être mal fréquentés avec des personnes qui peuvent abuser de la naïveté de l’ado. D’autant plus que les ados aiment s’exposer mais ne distinguent pas bien la frontière entre vie privée et publique. Ils n’ont pas toujours conscience du danger de se mettre à nu (et du côté inéluctable). Enfin, à force d’être connecté en permanence, l’ado perd quelque peu la notion de l’espace et du temps et une des conséquences peut être de ne plus savoir (arriver à) rester seul car cela devient inhabituel.
L’usage exagéré des écrans en général à un retentissement sur la capacité d’attention et de concentration de l’ado. Et c’est le cas lorsqu’il s’agit d’apprendre au collège ou au lycée. Les écrans fournissent des stimuli nombreux et variés qui demandent à l’ado une concentration sans effort et sans volonté (attention exogène). Cela au détriment d’une attention dite endogène qui demande de l’attention et donc de fournir un effort (concentration et volonté). Apprendre sa leçon ou écouter en cours demande un effort, demande de fixer son attention et de la soutenir. L’ado s’habitue à une stimulation facile (attention exogène) et il risque d’éprouver de la difficulté lorsque la tâche demande un effort particulier de concentration (attention endogène) et cela d’autant plus si la tâche n’est pas motivante pour lui.
On considère comme excessif l’usage des écrans au-delà de 30 heures par semaine. Difficile de parler d’addiction car il n’existe pas à ce jour d’évaluation ou de méthode de diagnostic. Toutefois, l’ado est à surveiller lorsqu’il montre des signes de dépendance, perd ses contacts sociaux, éprouve une sensation de manque en l’absence d’écrans et un plaisir et bien-être évident lorsqu’il est devant son écran (ou va y aller...). Les jeux en lignes et multijoueur sont les activités les plus addictives.
L’usage exagéré des écrans en général a également un retentissement sur la santé. L’ado peut être amené à souffrir de troubles musculo-squelettiques, d’obésité, d’une gêne ou fatigue visuelle (sur-stimulation visuelle). L’activité intense sur écran peut aussi provoquer des difficultés à s’endormir ou des réveils nocturnes. Il est important de noter que la lumière bleue des écrans LED active considérablement plus les récepteurs photosensibles de la rétine par rapport à la lumière blanche. La conséquence est une diminution de la sécrétion de mélatonine qui est l’hormone du sommeil. En effet, la lumière bleue inhibe cette hormone. La conséquence est un sommeil moins réparateur (somnolence) et une mauvaise consolidation en mémoire.
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Sources :
Le livre "Le développement de l’adolescent, l’adolescent à la recherche de son identité" de Christine Cannard
et dans une moindre mesure
Sylvain Connac – Apprendre avec les pédagogies coopératives
www.passeportsante.net
www.psychologies.com
www.canalvie.com
et d'autres sites internet
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