« Si l’ado se relance à la découverte de soi, c’est qu’il est dépaysé devant sa propre personne » (Henri Wallon)
L’adolescent fait face à une véritable modification de sa personne lors de la puberté. Il est confronté à de nouvelles sensations liées à l’éveil sexuel, le développement de l’appareil génital et l’apparition de pulsions libidinales. Cela remet alors également en cause sa relation aux autres. Mal dans sa peau, complexé et maladroit définissent souvent une partie de l’adolescence. On parle du complexe du homard qui décrit une adaptation difficile car le corps grandit trop vite par rapport au psychique. La croissance chez l’ado s’opère souvent par bonds successifs qui ne facilitent pas l’adaptation.
L’adolescent est désormais sexué et son identité doit désormais intégrer cette nouvelle identité sexuelle. De nouvelles questions se posent notamment sur l’orientation sexuelle. En effet, l’adolescence est la période de prise de conscience de l’attraction pour le même sexe, le sexe opposé ou les deux. L’abord du thème de la sexualité est d’ailleurs difficile avec les adultes durant cette période.
Devenir adolescent oblige à renoncer à certaines images de soi de l’enfance ainsi qu’aux bénéfices à être un enfant. On peut parler d’un processus de « séparation-individuation ». Grandir, c’est devoir mettre une certaine distance psychique par rapport aux parents. Distance qui permet alors de se construire en tant qu’individu unique et séparé. Ce passage de l’enfance à l’âge adulte se fait d’autant mieux que les parents arrivent eux aussi à mettre un peu plus de distance et à la maintenir. Rester « copain-copine » avec ses enfants ne les aide donc pas à franchir au mieux ce cap.
L’adolescence demande au jeune de s’adapter et de remettre en question le rapport aux autres. Il en va de même des parents qui doivent accepter ce besoin d’autonomie grandissant et donc réajuster la relation avec leur enfant en acceptant et en fixant de nouvelles limites. Mais l’adolescence est aussi une période paradoxale. Autant l’adolescent est en quête, parfois brutale, d’autonomie et de séparation, autant il a encore besoin de ressentir l’amour et la confiance de ses parents qui peuvent alors ne plus savoir sur quel pied danser. L’adolescent a besoin de recevoir de l’affection et pourtant ce qu’il reçoit est parfois ressenti comme de l’intrusion et le ramène alors à une relation de dépendance. Ce qui peut alors expliquer un comportement d’opposition où une vive réaction. « Ni trop près (infantilisation), ni trop loin (abandon) », voilà la devise de l’adolescent !
Construire son image de soi conduit en général à se faire une image idéale de soi. L’image idéale que l’ado aimerait être peut souvent s’avérer inatteignable. Sportifs, chanteurs, acteurs, mannequins… les images populaires fournies par nos médias sont des images idéalisées. Cette exigence de performance et d’apparence idéale de notre société actuelle peuvent mettre à mal l’image et l’estime de soi des adolescents. Cela explique également cette course à vouloir ressembler aux garçons ou filles populaires dans les établissements scolaires.
Les jeux vidéo ou les réseaux sociaux permettent de cultiver ou de se créer une image idéale par l’intermédiaire des avatars, des pseudos et de parler de soi idéalement.
Pour l’ado, les copains prennent une place de premier ordre pour répondre à ses besoins de relation aux autres. Le groupe d’amis apporte effectivement un soutien affectif et permet à l’adolescent de développer des nouvelles compétences sociales (codes sociaux). L’amitié permet notamment de construire son identité en développant sa propre image et son estime personnelle. De plus, la vie en communauté oblige à se positionner par rapport aux autres et à se faire son propre jugement.
L’amitié permet de développer l’empathie, la sensibilité et l’écoute des autres. Il s’agit de construire de nouveaux attachements et de s’identifier à de nouveaux groupes sociaux (autres que le cercle familial). Ainsi, les amis ont une véritable influence positive qui pousse l’ado à s’ouvrir et se dépasser. Chez les filles, l’amitié est souvent plus intime que chez les garçons et elles sont donc plus vulnérables aux variations d’intensité des relations (trahison, rupture, exclusion...).
Les changements liés à la puberté peuvent amener l’adolescent à ne plus se reconnaître physiquement et psychiquement. Le fait de s’identifier à son groupe d’amis, d’être et de faire comme eux, rassure et sécurise. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fait de gros efforts pour rester conforme aux autres, être reconnu et accepté. Cela l’aide à savoir qui il est et à ne pas se poser trop de questions. De toute façon, pour se créer une identité sociale et vivre ensemble, il faut un minimum se ressembler.
Dans le même temps, cette vie en groupe et la comparaison aux autres permettent à l’ado de se créer son identité personnelle en dévoilant les différences, les originalités et les unicités de chacun. Car exister, construire sa propre identité, c’est affirmer sa différence et s’opposer parfois. Mais il est important que le jeune qui cherche le conformisme et le mimétisme par rapport à son groupe d’amis (morale, culture…) ne perde pas de vue la construction de sa propre identité. Car sinon, l’influence des pairs peut devenir négative et créer une certaine forme de dépendance. Cela peut arriver, par exemple, lorsque le jeune est exclu par tous les autres groupes et qu’il s’attache alors à son seul groupe, sa bande comme à une deuxième famille et est prêt à tout pour y rester.
Le marketing a bien compris cette dépendance des ados à la culture adolescente qui fournit des codes d’identification. L’ado est obligé (de plus en plus tôt) d’entrer dans cette société de consommation pour posséder et aimer ce que les autres ont et ainsi être comme eux. Certains psychologues considèrent qu’il s’agit d’un premier pas collectif pour se défaire de l’emprise familiale et ensuite pouvoir faire ses propres choix.
C’est vers 14-15 ans que la pression sociale est la plus forte et qu’une grande majorité d’ados éprouve une vraie difficulté à résister à l’influence de leurs pairs voire est incapable d’affirmer leurs volontés ou choix personnels. A cet âge-là, ils donnent beaucoup d’importance à l’image qu’ils projettent sur autrui et ils ont très peur de se faire rejeter. Mais peu à peu, en grandissant, cette sensibilité diminue. Une capacité de décision s’acquiert et l’analyse des situations s’affine (risques, conséquences, relativisation…).
Sources :
Le livre "Le développement de l’adolescent, l’adolescent à la recherche de son identité" de Christine Cannard
et dans une moindre mesure
Sylvain Connac – Apprendre avec les pédagogies coopératives
www.passeportsante.net
www.psychologies.com
www.canalvie.com
et d'autres sites internet
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