Voir l'introduction Peur, phobie, anxiété et panique de ce dossier.
L'attaque de panique ne se déclenche pas seulement dans le contexte d'une phobie. Elle constitue un événement qui peut survenir de façon isolée ou dans le cadre de différents troubles. Ainsi, 40% des adolescents présenteraient des attaques de panique et, si on examine toute la population, 15% des gens en vivront une au cours de leur vie.
Comment se manifeste une attaque de panique ?
On peut la décrire comme une période bien délimitée de crainte ou d'inconfort qui survient de façon soudaine, qui atteint un pic en moins de 10 minutes et dans laquelle on retrouve au moins 4 des symptômes suivants :
-Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque
-Transpiration
-Tremblements ou secousses musculaires
-Sensation de souffle coupé ou impression d'étouffement
-Sensation d'étranglement, de gorge serrée
-Douleur ou gêne dans la poitrine
-Nausée ou gêne abdominale
-Sensation d'étourdissement, d'instabilité, de tête légère ou d'être sur le point de s'évanouir
-Déréalisation (sentiment d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
-Peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou
-Peur de mourir
-Paresthésies (sensation d'engourdissement ou de picotements)
-Frissons ou bouffées de chaleur
D'après le « Diagnostic Statistical Manual of Mental Disorders », the American Psychatric Association.
Les personnes ayant des problèmes cardiaques, respiratoires, neurologiques ou endocrinologiques peuvent ressentir des symptômes physiques s'apparentant à ceux présents lors d'une attaque de panique. Si vous ne l'avez pas déjà fait, il est impératif de consulter un médecin avant d'entreprendre le traitement de votre phobie.
L'anxiété normale ou pathologique
L'anxiété se traduit par une réaction émotionnelle provoquée par l'appréhension (crainte vague) de vivre un événement ou une situation pénible. Elle est donc une réaction similaire à la peur, à la différence qu'ici, la menace ou le danger perçu paraît plus lointain, moins concret. La personne anxieuse craint donc que quelque chose arrive et cela malgré une probabilité variable et parfois nulle. A noter que l'on peut aussi parler d'angoisse qui elle se caractérise par une réaction plus intense et diffuse (par rapport à l'anxiété). L'anxiété d'appréhension joue un grand rôle dans l'entretien du trouble de panique et de l'agoraphobie.
L'anxiété est une réaction d'alarme qui cherche à orienter notre attention vers une menace ou un défi pour préparer l'organisme à l'action, pour le motiver à opérer un changement. L'anxiété sera considérée comme pathologique si elle atteint un niveau qui hypothèque le fonctionnement d'un individu et qu'elle s'alimente de la crainte (appréhension) d’événements très improbables ou carrément non fondés.
Pour certains donc, la réaction d'alarme survient dans un contexte ni dangereux ni perçu comme tel et elle se déclenche de façon soudaine et imprévue : il y a « fausse alarme ». Certains individus percevront cette réaction d'alarme comme dangereuse pour eux bien qu'elle ne soit qu'une réaction de protection personnelle. Le fait de ne pas voir de cause externe à leur état et donc ne pas comprendre leur réaction d'alarme, va les amener à conclure que la réponse d'alarme constitue elle-même un danger en soi. En fait, la réaction d'alarme est le mécanisme de réponse à un danger et non le danger.
Par suite du déclenchement d'une ou plusieurs fausses alarmes ou attaques de panique inattendues, une réaction d'alarme «apprise » ainsi que de l'anxiété d'appréhension vont se développer à l'égard de ce phénomène et/ou de sensations physiques semblables. Ces mécanismes jouent un rôle majeur dans l'apparition du trouble panique et de l'agoraphobie : la personne aura peur d'avoir peur.
L'agoraphobie : le troisième type de phobie
Contrairement à la phobie spécifique ou l'objet craint est externe, ici l'ennemi est à l'intérieur. La personne craint ses sensations physiques. Lorsqu'il y a « fausse alarme », la personne conclut que la cause du danger est interne parce qu'elle ne trouve pas de cause concrète autour d'elle qui explique la réaction d'alarme ou l'attaque de panique qu'elle vit. Il y a même des gens qui craignent leurs sensations d'anxiété.
L'agoraphobie se définit donc par l'anxiété de se retrouver dans des endroits ou des situations d'où il pourrait être difficile (ou gênant) de s'échapper ou dans lesquelles on pourrait ne pas trouver de secours en cas d'attaque de panique. Elle se caractérise par la crainte ou l'évitement de situations précises comme par exemple être en dehors de son domicile, dans une file d'attente, dans une salle de réunion, loin de la sortie, dans un autobus...
L'agoraphobie peut se manifester sans être combinée à des attaques de panique complètes. En effet, on peut distinguer ceux qui souffrent d'agoraphobie sans antécédent de trouble de panique, ceux qui souffrent de trouble de panique sans agoraphobie et ceux qui vivent un trouble de panique avec agoraphobie (la dernière étant la forme de phobie la plus complexe). Les personnes atteintes de ce trouble présentent des attaques de panique et les craignent, elles évitent également des situations par crainte d'y vivre justement des attaques de panique (=agoraphobie). L'alarme qui se déclenche dans un contexte inapproprié, en d'autres termes l'attaque de panique, les pousse à vouloir quitter au plus vite la situation pourtant objectivement sans danger. Par la suite, elles appréhendent ces malaises et évitent de plus en plus les endroits où ils se sont produits. On peut donc bien dire que ces personnes développent une peur d'avoir peur.
La personne atteinte de ces troubles redoute ses sensations internes par crainte qu'elles dégénèrent et qu'elles entraînent des conséquences dramatiques comme la perte de contrôle ou la mort. Les femmes vont recourir le plus souvent à l'évitement comme stratégie de gestion de l'anxiété. Les hommes, pour qui la peur est une émotion peut acceptable, ont tendance à avoir recours à la consommation d'alcool, de nicotine ou d'autres substances pour essayer de tolérer et d'endurer leur anxiété.
Les facteurs qui prédisposent au trouble panique et d'agoraphobie
-la vulnérabilité biologique
Il s'agit d'une tendance chez certains à être « nerveux » au sens d'être toujours prêts à faire face au danger. Ou alors certains seraient plus sensibles à la réponse d'alarme. Il leur faudrait alors un niveau de stress moins élevé pour activer une réponse d'alarme.
-la vulnérabilité psychologique
Certains ont plus tendance à percevoir l'anxiété comme un phénomène nocif ou nuisible. Ces personnes sont trop sensibles à l'anxiété et elles déploient une attention disproportionnée aux sensations physiques. Ils perçoivent à tort des variations corporelles normales comme des signaux indiquant une menace ou un danger. La perception et le comportement face à l'anxiété s'apprennent également dès la naissance et peuvent être influencés par l'environnement et les parents.
Dans quel contexte peut apparaître une première attaque de panique ?
Il y a :
-les stresseurs physiques comme par exemple les malaises physiques (hypoglycémie par ex.), un accouchement, un accident, une agression, des effets secondaires de médicaments ou de drogues...
-les stresseurs psychosociaux comme un divorce, une perte d'un être cher, une perte d'emploi...
-les stresseurs chroniques ou stress de longue durée comme des problèmes conjugaux, un conflit au travail, une longue maladie...
On considère que 15% de la population générale vit une ou deux attaques de panique isolées sans développer de trouble de panique alors que d'autres développeront un trouble de panique ou agoraphobie suite à cet événement. Certains facteurs peuvent expliquer comment un individu entretient le problème sans le savoir ou le vouloir.
Les premières attaques de panique sont donc spontanées. Mais, par la suite, elles sont majoritairement déclenchées par nos perceptions , associations ou conditionnements entre des sensations, des situations et la réaction d'alarme.
Quels sont les facteurs qui entretiennent ?
-Des sensations physiques semblables, qu'elles soient induites par l'anxiété, l'exercice physique ou d'autres émotions qui vont à nouveau déclencher une fausse alarme ou l'appréhension de son déclenchement. Certaines sensations physiques ont été associées, « pairées » à tort à une perception de danger.
-L'interprétation catastrophique des sensations lors de la première attaque de panique fait qu'elle va accroître la peur d'avoir peur. Les gens vont appréhender de les ressentir à nouveau parce qu'ils les perçoivent à tort comme l'annonce d'une catastrophe imminente. Il s'agit d'une anxiété d'appréhension.
-L'échappement consiste à quitter une situation, l'évitement réside dans le fait de ne pas y aller du tout. L'agoraphobe en vient à avoir tellement peur à force d'appréhender qu'il s'échappe ou évite la situation redoutée plutôt que d'y faire face. Lorsqu'il évite ou qu'il s'échappe d'une situation, il ressent immédiatement un profond soulagement dû à la baisse d'anxiété. Ce répit instantané porte l'agoraphobe à choisir fréquemment l'échappement ou l'évitement comme moyen de réduire son anxiété générale. Il en résulte avec le temps et même parfois à court terme, une perte d'autonomie et de confiance en soi douloureuse.
L'évitement peut aussi se faire de manière plus subtile à l'aide de garanties sécurisantes. Médication pour éviter les sensations internes, la bouteille d'eau pour éviter la bouche sèche, le téléphone en cas de danger, le spray Zen d'urgence... Les personnes se sentiraient plus en danger sans ces objets et cela leur permet d'éviter de devoir vraiment faire face à la situation.
-Un soutient social inadéquat avec l'agoraphobe qui demande en permanence à des personnes sécurisantes de l'accompagner ou de faire des choses à sa place. Avec de bonnes intentions, les proches vont aider et soulager l'agoraphobe. Sans qu'ils en soient conscients, ils permettent un évitement qui va contribuer à entretenir et même aggraver les troubles. Parfois, au contraire, l'entourage peut réagir de façon culpabilisante ou agressive, ce qui peut aussi augmenter le détresse de l'agoraphobe. Il ne s'agit pas d'arrêter toute aide bienvenue pour un agoraphobe. Mais de lui redonner goût au défi et au dépassement de soi progressivement et par petite dose au début.
-Des bénéfices secondaires. L'agoraphobe peut, il est vrai, aussi soutirer des avantages de son dysfonctionnement. Son problème peut lui apporter plus d'attention de la part de ses proches, lui éviter de prendre des responsabilités, équilibrer d'une certaine façon une vie de couple (une femme qui par peur n'a pas envie de sortir, peut arranger un mari jaloux et contrôlant).
Une attaque de panique consiste en une réaction d'alarme injustifiée. Bien que hautement désagréable, elle s'avère totalement inoffensive pour l'organisme. Pourtant, les gens qui présentent un trouble de panique ou d'agoraphobie associent à leur état une panoplie de significations et de conséquences désastreuses. Ils craignent la pire catastrophe : perdre le contrôle, s'évanouir, devenir fou, mourir, etc. Ces interprétations, irréalistes dont la personne se montre fortement convaincue, amplifient l'intensité de sa panique. Elles nourrissent également sa peur de paniquer.
Confronté aux multiples manifestations physiques désagréables qui l'envahissent et aux pensées angoissantes qui captent son attention, l'agoraphobe préfère le confort de son domicile à l'affrontement des situations génératrices de peur. L'évitement de ces situations représente l'une des clés de l'entretien du problème. L'évitement consiste à ne pas faire face à une situation en raison de la crainte qu'elle inspire. Dans le cas de l'échappement, il s'agit plutôt de quitter une situation pour fuir les malaises et l'anxiété qui surviennent. Ces deux comportements renforcent la peur. Le recours à l'évitement évite à la personne de transiger avec l'anxiété et entretient ses peurs irréalistes qui ainsi ne sont pas confrontées avec la réalité. En choisissant de s'échapper d'une situation, elle perpétue la conviction qu'un malheur serait arrivé si elle y était restée.
Les gens peuvent également éviter toute activité qui par elle-même déclenche des sensations physiques, telles que boire un café ou faire du sport. On appelle cela l'évitement "intéroceptif". Voici d'autres activités que ceux qui ont un trouble panique ou d'agoraphobie évitent souvent : prendre un gros repas, boire de l'alcool, rester dans une pièce chaude et humide, faire du sport, se fâcher, s'impliquer dans un débat, être inactif, aller dans un manège...
Source : d'après le livre "La peur d'avoir peur" de André Marchand et Andrée Letarte
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Koala (samedi, 02 avril 2022 16:27)
Je pense que ce livre laissé en source à la fin de votre article va lentement changer ma vie en profondeur !
Je l'ai acheté et ai lu le sommaire, c'est très prommetteur !
Mille mercis !
micael (mercredi, 23 janvier 2019 12:23)
C'est tout à fait ça... En rajoutant la souffrance intérieure d'en être conscient et de ne pouvoir s'en libérer. En s'obligeant de temps en temps à se lancer quelques défis. Le ventre est broyé, la gorge est serrée, le visage est crispé. Essayer de sourire ressemble plus à une grimace. On retient son envie de pleurer par peur de se noyer dans ses propres larmes.